Nous sommes fin mai, alors que je prévoyais ma prochaine session de 4 jours en solitaire non loin de mon domicile, mon pote Romain m'appelle et me fait savoir qu'il a quelques jours de libres afin de refaire une session comme dans le bon vieux temps. Et oui quelques années se sont écoulées depuis notre dernière sortie ensemble car celui-ci fût l'heureux papa de 2 petits garçons, ce qui lui a fortement réduit son temps de pêche.
La destination est actée. Nous jetons donc notre dévolu sur un lac de la région, que j'avais pêché pour la première fois lors de l'automne dernier avec mon pote Benjamin. Une session qui nous avait d'ailleurs plutôt bien réussi.

Ce lac est situé pas très loin de mon domicile, la pêche de nuit y est interdite ce qui fera le bonheur de notre jeune papa qui pourra faire des nuits complètes de sommeil.
Jeudi matin, la voiture est chargée et je prends donc la direction de cette magnifique étendue d'eau. A mon arrivée je suis stupéfait par le niveau du lac. Celui-ci étant plein je suis face à une étendue d'eau qui comptabilise une centaine d'hectares en plus par rapport à l'automne dernier. Ceci est à la fois déstabilisant et motivant de pêcher le lac à ce niveau-là. D'autant plus que cette année toutes embarcations sont interdites pour la dépose et l'amorçage des lignes ; ce sera donc une pêche uniquement du bord à distance de jets de cannes. Le choix du poste va donc être primordial.
Ayant la journée devant moi, car Romain me retrouve dans la soirée, je prends mon temps pour observer le lac et localiser le moindre signe d'activité. Après un petit point sur les prévisions météo pour les jours à venir, je m'oriente vers un poste qui sera battu par le vent du sud pendant plus de 48H à la suite d'une petite tempête qui devrait arriver dans l'après-midi.
Début d'après-midi, le campement était tout juste fini de monter que de fortes rafales de vents s'abattent sur le lac. La tempête a fait son apparition en une fraction de secondes et je fais face à un lac déchaîné avec des vagues spectaculaires. Motivé comme jamais, je sonde rapidement la zone devant moi et décide de propulser les montages derrière une grande bande d'herbiers, le tout accompagné de bouillettes sur un fil soluble en attendant l'arrivée de mon pote.

Sans surprise, l'après-midi et le début de soirée furent complètement stériles. Pas le moindre signe d'activité malgré des conditions optimales. Je reste tout de même motivé car tout reste à construire avec l'arrivée de Romain.

Celui-ci arrivera 30 minutes avant la tombée de la nuit. Après de chaleureuses retrouvailles et une bonne bière à la main, nous scrutons l'eau tout en élaborant notre stratégie à mettre en place. Il est l'heure pour moi de retirer les cannes car l'heure légale vient de sonner.
Sans plus attendre, nous décidons de mettre en place un gros amorçage de zone. Chacun muni de notre cobra, nous déversons une vingtaine de kilos de bouillettes Red Liver en 20 et 24mm de chez Starbaits. Après cette bonne séance de musculation, il est l'heure pour nous de grignoter un bout et de rejoindre nos duvets respectifs. Le sommeil tarde à venir, car une série de sauts s'ébruite sur le lac et plus particulièrement sur notre amorçage. Que cela est frustrant de ne pas pouvoir mettre les lignes à l'eau !  Nous avons hâte que le jour se lève. 
Le chant printanier des oiseaux fait office de réveil. Il est enfin l'heure pour nous de positionner nos montages sur la zone amorcée. L'excitation et l'envie d'avoir la première touche est maximale. Au fur et à mesure des minutes et des heures d'attente, celle-ci laisse place à de l'inquiétude. Il est 16 h et toujours pas le moindre bip!!!! Où sont les poissons ? Vont-ils se mettre en fraie malgré une eau à 15°C ? Un tas de questions fuse dans nos têtes. C'est alors que je décide de gonfler mon zodiac et d'aller prospecter les bois immergés et herbiers afin de voir si les poissons ne sont pas en plein rassemblement.
 Après 1h de navigation, je n'ai toujours pas localisé la moindre présence de carpes. Je retourne donc sur le poste en ayant pas plus de réponses à nos questions. Je doute de plus en plus sur notre stratégie, celle d'avoir mis autant d'appâts au fond de l'eau. Malgré un vent dominant du sud, l'activité de la journée semble inexistante par rapport à la nuit dernière et cela ne présage rien de bon. Les doutes ne durent que très peu de temps, car quelques minutes après mon retour sur le poste, un de nos détecteurs s'emballe et enfin le premier poisson est dans le triangle. Une magnifique commune vient d'ouvrir le compteur. Un ouf de soulagement, en espérant que ce ne soit pas la dernière.

Il est 18h00 et la session vient de prendre une toute autre tournure. Les touches s'enchaînent à rythme effréné. Un qui combat, l'autre qui amorce au cobra. Un vrai troupeau de carpes est en train de dévaliser notre amorçage. Les séances photos sont systématiquement interrompues par un run, et nous avons même réalisé un triplé, ce qui est complètement fou. Il est un peu plus de 20h00 quand nous retirons les cannes. Nous réalisons seulement ce qui vient de se produire. 10 touches pour 8 poissons en à peine 2h avec une moyenne de poids juste incroyable et un des plus gros poissons de ce lac qui pèse un peu plus de 26 kgs.

Après une bonne partie de la soirée à se remémorer ce grand moment de pêche, il est l'heure pour nous de se coucher avec des images plein la tête, en espérant reproduire la même série le lendemain.
Samedi matin, le jour se lève. Il est l'heure pour nous de remettre des appâts frais de 24mm fraîchement booster par le Dropper Red Liver. Les cannes sont tendues, accompagnées de quelques kilos de billes. La météo est bien différente de la veille. Un ciel couvert, accompagné d'un vent constant du sud, nous rabat de bonnes vagues sur notre berge.
Les lignes sont vite placées et rapidement on enregistre les premières touches. A tour de rôle, les prises s'enchaînent. D'un commun accord depuis le début de la session nous partageons chaque touche pour que chacun puisse en profiter. Les départs sont réguliers et rythment notre journée pour notre plus grand plaisir. La moyenne des poids est toujours aussi élevée avec 4 poissons de plus de 20.

La journée touche à sa fin avec un résultat exceptionnel de 18 touches pour 14 poissons au tapis. Le vent dans notre direction et notre amorçage mis en place portent leurs fruits. Seule ombre au tableau, notre stock de bouillettes a pris une bonne claque. Nous décidons donc de ne pas faire de rappel avant de nous coucher, afin d'économiser le peu qu'il nous reste pour les dernières heures de pêches du dimanche.
Dimanche, levé aux aurores. Le vent est complètement tombé, le ciel gris a laissé place à un magnifique ciel bleu. Nous sommes conscients que ces conditions météo ne sont pas optimales pour ce lac. Les poissons sont très nomades et désertent très vite un secteur pour un autre. N'ayant plus le vent en notre faveur, nous comptons toujours sur l'efficacité de notre amorçage et la qualité de nos appâts, pour pouvoir capturer les quelques poissons qui restent en maraude.
Les cannes sont repositionnées comme la veille. Les quelques kilos de bouillettes restant trempés dans l'eau depuis jeudi sont expédiés sur la zone. Un procédé de plus en plus pratiqué lors de mes sessions. Faire tremper ses appâts dans l'eau du lac peut permettre de tromper les poissons les plus méfiants. Une technique qui peut se préparer avant la session, puis continuer au fil de la pêche.
La journée est beaucoup moins rythmée que la veille, mais néanmoins quelques poissons semblent continuer à s'alimenter sur le spot 

Une session retrouvaille, qui s'est vraiment bien déroulée avec un début plein de doutes mais qui avec de la patience et une stratégie de départ bien ficelée, nous avons pu réaliser une pêche exceptionnelle où amitié et partage étaient de la partie.
Et n'oubliez pas que pour prendre des poissons il faut aller à la pêche.