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Cela fait maintenant trois saisons que je pratique régulièrement la pêche du sandre en verticale. J'avais bien sûr pris quelques sandres auparavant en recherchant d'autres espèces mais je n'avais jamais particulièrement accroché avec ce poisson.
C'est avec Charlie Couchoud, représentant chez Ultimate Fishing, lors du tournage d'une vidéo en lac de barrage, que j'ai commencé à prendre goût aux touches « coup-de-fusil » si caractéristiques des sandres en verticale !
Je ne suis donc pas du tout un spécialiste de ce poisson ni de cette technique mais cette pêche m'intéresse de plus en plus. Ce petit article, qui n’a aucune prétention, compile simplement quelques observations que j'ai pu faire au bord de l'eau, souvent en compagnie d'autres pêcheurs, et quelques réflexions que m'inspire cette pêche et ce poisson, passionnant et déroutant à la fois.
C’est en fin de saison que ça se passe !
Les captures de sandres sont plus fréquentes en automne et en hiver, c’est un fait indéniable. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce constat. L’ouverture du brochet, très voire trop précoce, correspond à la période de reproduction de notre ami et beaucoup de pêcheurs préfèrent se consacrer au brochet pour laisser les sandres frayer tranquillement. La période estivale est souvent une période difficile pour attraper les sandres et seuls les plus petits sujets semblent actifs pendant les heures légales de pêche. La plupart des pêcheurs se tournent alors vers d’autres espèces comme le black-bass, très actif par température élevée, ou continuent de traquer le brochet. La fin de l’été et le début de l’automne sont souvent animés par les chasses des perches et beaucoup d’entre nous se consacrent alors à cette espèce.
Il y a donc bien une saisonnalité de la pêche du sandre en rivière, qu’à mon humble avis il convient de respecter sous peine de nombreuses déconvenues.
Les premières captures significatives correspondent en général aux premiers coups d’eau d’automne, qui troublent la rivière, et à la baisse des températures, qui pousse les poissons blancs à se regrouper. Non pas que les sandres ne se nourrissent pas le reste de l’année mais il est à peu près certain que dans une eau claire et peu courante leur activité se réduit et que c’est la nuit que ça se passe essentiellement. Avec les mouvements d’eau et des proies moins dispersées, les sandres sont plus actifs en journée et c’est pour cela que je ne les pêche jamais avant octobre-novembre. Je constate tous les ans que les autres pêcheurs en rivière font de même.
Les postes : dans le « mort du vif »
Les bons postes pour prendre des sandres sont souvent bien répertoriés dans chaque région. Ils correspondent en général à des zones d’abri marquées par rapport au courant mais à proximité de celui-ci. Les fameuses entrées des darses, des ports, des canaux ou des reculées sont de grands classiques dans cette catégorie. Les grands remous et contre-courants, les fameuses « meuilles » bourguignonnes qui se forment systématiquement à proximité de ces zones sont à explorer méticuleusement. Ces postes seront d’autant meilleurs si la zone calme donne directement sur une zone courante assez profonde, avec présence d’une cassure assez nette.
Lorsqu’on a la chance de pouvoir pratiquer en bateau, l’éventail des postes est plus important et varie avec le niveau du cours d’eau. Lors des crues importantes les poissons vont parfois se réfugier contre voire dans la végétation rivulaire immergée et seule une embarcation permet de pêcher correctement ces zones encombrées en utilisant des têtes plombées sur hameçon texan. A l’inverse, lorsque le niveau est bas, l’approche en bateau permet d’aborder correctement des postes plus éloignés de la rive. De toute manière, le bateau vous permet toujours de bien vous placer et de peigner plus précisément les postes, ce qui est souvent beaucoup plus problématique du bord.
Tous les postes sont praticables en verticale et il nous est arrivé (fréquemment) de prendre des poissons dans moins de deux mètres d’eau !
Le bateau et ses équipements :
Je ne possède pas de d’embarcation et je suis donc un SBF, « sans bateau fixe » ! Ça permet en tout cas de comparer les avantages des différents bateaux et de leurs équipements.
Le moteur avant électrique actionné par télécommande est devenu la norme aujourd’hui et fonctionne très bien. Tous les pêcheurs qui m’acceptent à leur bord ont opté pour cette formule mais je dois dire que j’aimerais bien essayer de pêcher avec autre chose, comme un moteur électrique arrière avec barre franche qui doit être à mon avis encore plus efficace pour effectuer des dérives parfaites. Même chose pour le moteur avant actionné avec une pédale câblée. Pourquoi cette envie ? La télécommande ne possède pas de variateur de vitesse, seulement des valeurs fixes et surtout on peut observer un léger temps de retard entre l’ordre donné et la mise en œuvre par le moteur. Ce n’est pas grand-chose mais je serai curieux de faire l’expérience avec une de ces deux autres options qui me paraissent a priori encore plus précises.
Autre équipement aujourd’hui incontournable, l’échosondeur est indispensable en verticale. Je ne rappellerai pas les nombreuses fonctions de ces appareils (profondeur, température, présence d’obstacles, de poissons, fonction GPS, bathymétrie…), juste un mot sur les dernières sondes live qui apportent une précision de pêche incroyable. Certes il est possible avec ces sondes dernière génération de voir les sandres à partir du moment où ils sont légèrement décollés mais ce sont les autres informations fournies qui sont tout aussi intéressantes. Le fait de voir en direct son leurre par rapport au fond et au poisson permet de pêcher avec une précision inégalée. Par exemple il est possible de faire passer son leurre au ras des herbiers, de les frôler même, sans jamais accrocher. Idem pour tout type d’obstacle. Ces sondes sont onéreuses et critiquées par certains pêcheurs qui y voient un outil trop performant, qui casse la magie de la pêche (ce sont ceux qui ne les ont pas essayées en action de pêche en général…) mais elles apportent une qualité et une efficacité de pêche dont il est difficile de se passer une fois qu’on y a goûté.
Spinning ou casting ?
C’est une des questions récurrentes que posent les pêcheurs qui veulent se mettre à la verticale. Je n’ai pas de réponse ferme et idéale, juste quelques observations que l’on a pu faire avec d’autres pêcheurs.
Pour la rivière j’ai deux ensembles : un casting et un spinning.
L’ensemble casting est celui que je vais utiliser en priorité parce que j’apprécie de pouvoir gérer ma ligne avec une seule main. On peut effectivement débrayer la ligne pour donner du fil avec le pouce de manière contrôlée, la réenclencher en actionnant la manivelle ou l’étoile du frein de combat avec le majeur ou l’index, en passant sous le moulinet (pas facile à décrire mais facile à faire !). Quelques mouvements de ce type et vous pouvez récupérer votre ligne sur un mètre ou plus. Si vous pêcher avec une télécommande, un ensemble casting devient vite évident pour toutes ces raisons (même si certains s’en sortent très bien avec un ensemble spinning).
Je réserve l’ensemble spinning lorsque j’utilise (rarement) des plombées légères ou lorsqu’il fait très froid : la position de la main est plus fermée et conserve mieux la chaleur que la main plus ouverte en casting. La position en spinning peut s’avérer plus confortable pour certains et il peut être reposant d’alterner entre les deux ensembles si vous sentez que ça tire un peu sur les muscles de la main et de l’avant-bras.
Au-delà de ce choix, l’important est d’avoir une canne courte, entre 1,80 et 2m, et légère, pour le confort ,pour positionner plus aisément son leurre sous la sonde et pour animer plus précisément le leurre. On peut bien entendu pêcher occasionnellement avec plus long mais on perd vraiment en confort et en précision.
Une action assez rapide sera plus sensible et efficace au ferrage mais attention aux triques avec lesquelles on décroche plus. Mon camarade de pêche Olivier utilise une canne casting raccourcie et bien fast suite à une casse du scion et s’en trouve fort bien !
Un ensemble de puissance Medium Heavy (7-28g) et un ensemble Heavy (14-42 ou 56g) couvriront à peu près tous les cas de figure.
Je réserve l’ensemble spinning lorsque j’utilise (rarement) des plombées légères ou lorsqu’il fait très froid : la position de la main est plus fermée et conserve mieux la chaleur que la main plus ouverte en casting. La position en spinning peut s’avérer plus confortable pour certains et il peut être reposant d’alterner entre les deux ensembles si vous sentez que ça tire un peu sur les muscles de la main et de l’avant-bras.
Deux ensembles, l'un de puissance Medium Heavy (7-28g) et l'autre de puissance Heavy (10- 42 ou 50g) couvriront à peu près tous les cas de figure.
La ligne : tresse + fluoro
Pour la ligne, une tresse en PE 0,8 à 1,2 est un bon compromis entre finesse et résistance. J’ai mis une 0,8 en huit brins sur l’ensemble spinning (MH) et une 1,2 en 4 brins sur l’ensemble casting (H). Le bas de ligne est constitué par une brassée de fluorocarbone (1,50-2m), qui est là davantage pour sa résistance à l’abrasion que pour sa discrétion (en rivière toujours). J’utilise deux diamètres de fluorocarbone, du 0,26mm et du 0,28mm. Je me demande même s’il ne faudrait pas mettre plus gros (on parle toujours de pêche en rivière et souvent par eau teintée).
Le diamètre du fluoro comme celui de la tresse a une incidence sur la dérive de votre ligne, plus il est gros plus il oppose une résistance à l’eau et fera remonter plus rapidement le leurre, créant un angle plus important dans votre ligne. Le seul conseil que je peux me permettre de donner avec certitude c’est de ne pas pêcher inutilement trop fin !
Têtes plombées : n’en perdez pas votre latin !
Pour les têtes plombées, les critères essentiels restent la qualité de l’hameçon (piquant et taille du fer) et le grammage. Les débats sur les formes ne doivent pas vous troubler. Les têtes rondes fonctionnent bien partout. Les têtes football accentuent un peu le rolling des leurres et surtout s’accrochent moins dans les fonds rocheux ou caillouteux. Les têtes pointues pénètrent mieux l’eau et à grammage égal font moins remonter le leurre dans le courant. Les têtes sabots (que j’utilise peu) sont intéressantes lorsque l’on pose souvent le leurre au fond pendant quelques secondes.
Je n’ajoute jamais d’empile avec triple sur mes montages, c’est peut-être un tort.
Certains de mes camarades de jeu utilisent une autre méthode de montage avec l’utilisation de plomb à visser avec empile très courte réalisée avec deux anneaux brisés reliés à un émerillon triple, à laquelle est accroché un hameçon triple piqué dans le tiers avant du leurre. Les plombs à visser permettent de changer plusieurs fois de leurres sans trop les détériorer et autorisent une nage très libre du leurre. A essayer !
La couleur de la tête peut, nous l’avons parfois constaté, jouer un rôle. Il n’est pas inintéressant d’avoir quelques têtes orange fluo et vert fluo notamment.
Les leurres : bienvenue dans l’infini !
Je ne m’étendrai pas sur les leurres dont il existe un nombre quasi infini sur le marché. Il n’y a pas de leurre magique, mais il y a souvent un leurre qui se démarque le jour J, par sa taille, ses vibrations et sa couleur. On trouve d’excellent leurres dans toutes les marques ou presque. Je vous invite à avoir de la variété dans vos boîtes mais sans tomber dans l’excès. Un shad avec rolling et caudale assez large, (vibrations basses fréquences), un shad avec moins de rolling et une petite caudale (vibrations hautes fréquences) et un finesse slug ou bifide (peu de vibrations) constitue une bonne base à décliner en deux ou trois tailles et trois ou quatre couleurs. On peut y ajouter quelques leurres nettement plus gros (8 ou 10 pouces, 20-25cm) à essayer de temps en temps pour sortir de l’ordinaire. Ça fera déjà un sacré panel !
Concernant les attractants, j’en mets régulièrement sur mes leurres mais certains copains n’en mettent jamais et je n’ai pas l’impression qu’ils ont moins de résultats. Je n’ai clairement pas assez de recul et d’expérience pour en déduire quoique ce soit mais je préfère en mettre !
L'art de la dérive
Un dernier mot enfin. Le bateau bien équipé, le bon matériel à bord et le bon poste sélectionné, il reste encore à faire la bonne dérive ! Faut-il descendre le courant, le remonter, passer en travers (difficile à faire mais original) ? Et à quelle vitesse ? Honnêtement, il est difficile d'établir une règle générale. D'après ma petite expérience, je dirai que remonter le courant à faible vitesse est ce qui m'a apporté le plus de touches mais je le répète, mon recul demeure faible. Il faut tout essayer et je ne peux que vous inviter à varier vos dérives sur un même poste jusqu'à découvrir ce qui fonctionne le mieux le jour J.
Conclusion
La pêche en verticale en rivière est une pêche très addictive par la violence des touches et par le fait qu’elle approfondit rapidement votre connaissance de la rivière et des comportements des poissons. Je suis un débutant en la matière mais j’ai bien envie d’approfondir tous les aspects de cette pêche, tous ces paramètres à combiner. Parfois le succès est au rendez-vous, on croit avoir compris quelque chose, fier, de soi, puis la sortie d'après, bredouille, tout peut s'écrouler et redevenir incertain voire incompréhensible. C'est sans doute ce caractère irrégulier, cet ascenseur émotionnel qui fait que cette pêche souvent déroutante s'avère si passionnante. Certains y voient encore une pêche rébarbative et passive mais ils se trompent et je les invite à l’essayer avec un matériel adapté et dans des conditions favorables pour comprendre son intérêt. J’espère que ces quelques remarques simples auront été utiles à certains d’entre vous qui hésitent à franchir le cap parce que définitivement, la verticale, c'est plutôt pas mal !