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D’un point de vue personnel j’aime avant tout pêcher loin des autres. Non pas que je n’aime pas la compagnie, mais lorsqu’il y a d’autres pêcheurs autour de moi j’ai comme l’impression peut être à tort de ne pas être à fond dans ma pêche. Alors de ce fait je me prive de bons nombres d’endroits qui m’attirent, mais que je délaisse notamment pour cette raison.
POURQUOI SE LES GELER
Du coup la saison basse, qui va de début novembre à fin mars est ma période fétiche pour retrouver ces lieux tant prisés le restant de l’année. La quiétude et le silence qui y règnent de nouveau me comble. Pendant que la majorité des pêcheurs de carpes restent au chaud à la maison, moi je prends mon pied sur les berges piétinées mais désertes. Un autre facteur fort intéressant et non négligeable est la quasi disparition des herbiers. C’est un fait quasi indiscutable, mais au fil des années, je trouve qu’une grosse majorité des gravières notamment de ma région sont littéralement envahies par une jungle aquatique assez dense, empêchant ainsi une pêche propre. Les poissons en payent aussi le prix fort car sur les sites où la pratique du bateau est prohibée, il est très compliqué de les sortir sans tirer fortement, occasionnant parfois des blessures assez graves au niveau buccale, d’autant plus avec des montages bien souvent inadaptés à la situation. Et pour finir que dire des couleurs hivernales qu’arborent nos partenaires de jeu. C’est juste un régal occulaire.
IL EST TEMPS
Mi-novembre, il est temps de commencer et de jeter mon dévolu sur une gravière que je n’ai pas pêcher depuis de nombreuses années. Son cheptel a bien évolué et son cadre paisible a fini de me séduire pour y passer mon hiver à l’abri des regards indiscrets.
Le jour des hostilités est enfin là. 19 heures, la nuit est déjà bien tombée et le froid qui l’accompagne va piquer un peu. Je quitte malgré tout le magasin et me rend rapidement sur mon spot pour prendre mes marques et m’imprégner des lieux pour la suite des évènements. L’installation se fait rapidement car j’ai tout optimisé pour gagner du temps et être ultra efficace une fois au bord de l’eau. Je n’ai pas besoin de monter de bivy car mon petit fourgon va me servir d’abri avec à l’intérieur mon bed, qui sera en place durant toute cette période avec à bord tout le nécessaire pour avoir tout sous la main.
De ce fait mes trois lignes marquées avec du Marker Elastique rejoignent un joli plateau bien dur que j’avais sondé au préalable sous les renseignements de mon pote Micka. Côté appâts, au vu de la température d’eau assez basse, j’utiliserai en esche les Spicy Salmon booster avec le Dopeur de Chez Starbaits qui offre une belle diffusion par basse température, et je les couplerai pour l’amorçage avec des Probiotic Scopex Krill. Sur ce point-là par contre, il est clair que je n’amorcerai pas avec des billes complètes mais avec des brisures créées avec le Krusha afin d’augmenter l’attractivité autour de mon montage et de limiter la satiété des poissons.
NUIT MOUVEMENTÉE
Le résultat de cette première nuit a dépassé toutes mes espérances puisqu’au petit matin ce n’est pas moins de trois poissons qui ont rejoint le triangle pour un total de quatre touches. J’ai la chance de capturer une miroir incroyable au cuir doré de plus de 21 kilos qui m’a offert un combat tout en puissance, puis un poisson à l’écaillage bien particulier de 18 kilos que j’espérais prendre durant cet hiver. Mais malheureusement pour moi il a dû être abimé durant la belle saison par un autre pêcheur car il manquait un morceau de sa queue. Quand je l’ai vu dans l’épuisette j’étais fou de joie mais lorsque je l’ai posé sur le tapis, la déception a repris le dessus. Un si beau poisson avec de telles séquelles m’attriste forcément.
Enfin bref, par la suite j’ai refait une commune d’une dizaine de kilos suivie d’une décroche dans la foulée.
Avant de repartir au boulot, je fais le point en buvant un bon capuccino bien chaud sur la stratégie que j’ai mise en place.
Pour ce qui concerne le spot exploité, avec Micka nous avions vu juste. Les poissons le fréquentent bel et bien même à cette période, pour les appâts cela semble bien fonctionner aussi. Par contre les restes d’herbes me posent tout de même problème car à plusieurs reprises j’ai eu bien du mal à sortir les poissons qui prenaient un malin plaisir à y trouver refuge dès que l’occasion se présentait à eux. C’est ce qui m’a coûté également la décroche que j’ai subie.
J’ai donc délaissé mes montages clips plombs en dérivation au profit d’un montage In-Line monté en Drop Off avec des émerillons spécifiques du même nom (Nash et Fox les ont au catalogue), ce qui va me permettre de perdre plus facilement le plomb et ainsi continuer le combat beaucoup plus aisément. Au vu de la situation même si je n’aime pas trop laisser mes plombs au fond de l’eau, la situation fait que je n’ai guère le choix.
DANS LA CONTINUITÉ
Vingt-quatre heures plus tard, je suis remonté à bloc pour ma deuxième nuit même si les températures s’annoncent encore bien plus basses. De nouveau tout est en place très rapidement, même stratégie, même joueur (on ne change pas une équipe qui gagne). La combinaison fonctionne de nouveau et mon changement de montage me permet de faire un sans-faute et de pouvoir sortir les poissons plus facilement au travers de cette vieille jungle aquatique en ruine. Pas de très gros poissons pour cette nuit-ci mais trois de plus tout de même au compteur par ces -6°C. Je suis refait et c’est avec une mine réjouit que je reprends le chemin du magasin.
Mon emploi du temps me permet de recaler une troisième nuit cette semaine et au vu de l’activité je ne vais pas m’en priver. Cette fois-ci, une seule touche pour un poisson de taille très correcte viendra troubler mon sommeil. Même si avec ce poisson ma sortie se révèle réussie, je ne peux me demander si c’est la pression que j’ai créée sur le spot qui réduit le nombre de touche ou si c’est tout simplement le froid avec la baisse des températures significatives qui stoppe l’activité des poissons.
TRAVERSÉE DU DESERT
A présent l’eau fleurte avec les 4-5°C. Je ferai tout de même quelques nuits en décembre et en janvier sous des températures glaciales, mais hormis quelques brêmes et un silure je ne verrai pas la moindre carpe. Peu importe le fait d’être au bord de l’eau me permet de me sentir bien dans ma peau.
OPPORTUNITÉ
Mi-février, nous avons une semaine de redoux incroyable avec des températures proches des 20°C. Pas de précipitations, car je sais par expérience qu’il faut attendre quelques jours pour que cela se répercute sur l’activité des poissons. Je laisse donc passer cette semaine même si cette douceur est plus que tentante.
C’est donc juste après que je refais mon retour sur les berges, même si les températures extérieures sont de nouveau en baisse, celle de l’eau en revanche a pris 2 points de plus.
C’est parti je suis de nouveau sur zone, tout est en place et rien n’a changé dans mon approche pour cette nouvelle « speed night ». 23 heures je suis réveillé par quelques bips, je prends contact et après un combat lourd, je prendrai le seul poisson de la nuit mais qui dépassera tout de même légèrement les 20 kilos. Je ne pouvais en espérer plus.
Par la suite je referai trois ou quatre nuits supplémentaires jusqu’à début avril, avec à chaque fois un ou deux poissons dont quelques très jolis de plus au compteur. Tout cela est parfait pour attaquer une nouvelle saison en toute confiance.
IL EST TEMPS D’ALLER VOIR AILLEURS
Avril je referai deux nuits supplémentaires, mais la pousse des herbiers rend la pêche plus compliquée, avec des combats hasardeux car il fallait tirer fortement pour arriver à les extirper de cette nouvelle jungle. Le bateau étant interdit sur cette pièce d’eau je ne peux me résoudre à infliger des séquelles parfois très lourdes aux bouches des poissons.
J’en ai bien profité durant cet hiver même si je n’ai pas rempli complétement tous les objectifs que je m’ étais fixés.
En attendant l’hiver prochain avec certainement un nouveau site à explorer, il est temps pour moi de poursuivre ma saison sur d’autres eaux.
ET N’OUBLIEZ PAS POUR PRENDRE DES POISSONS IL FAUT ALLER A LA PÊCHE !